8 juillet 2024 • ACTUALITÉS

Les mangroves d’Ambarijeby, une source de biodiversité unique

Comme sorties d’un conte fantastique, des racines tentaculaires viennent se planter directement dans le sol. À mi-chemin entre le monde terrestre et aquatique, les mangroves sont des écosystèmes hybrides qui longent les marais côtiers.

Culture de Palétuvier, écosystème de mangrove, baie de la Loza, ©Christophe Michel / PU

Pour supporter un taux de salinité plus ou moins élevé et une faible oxygénation du substrat marin, les mangroves ont su développer un système de racines aériennes. La forme la plus caractéristique est celle des échasses qui permet aux arbres de vivre sur de véritables pilotis. Ces végétations permettent de capturer trois à dix fois plus de gaz à effet de serre (GES) que des forêts terrestres et contribuent à ralentir nettement l’impact du dérèglement climatique.

D’après les cartes de Global Mangrove Watch (GMW) plateforme mondiale de surveillance des mangroves – en 2021, des travaux pilotes ont montré que le retour de forêts de mangroves dans des zones de restauration pourrait permettre de stocker l’équivalent en carbone de plus de 1,3 gigatonne de CO2 dans l’atmosphère. Une captation qui est comparable à 3 milliards de barils de pétrole, soit trois ans d’émissions de GES pour un pays comme l’Australie. 

Leur présence permet d’atténuer la montée du niveau des eaux en agissant comme des éponges. Elles absorbent et stockent le surplus d’eau. In fine, elles constituent de véritables remparts contre les submersions marines, en amortissant et en réduisant l’intensité des vagues, des ondes de tempêtes et des tsunamis (Plateforme Océan et Climat).

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), plus connue pour ses listes rouges d’espèces menacées, a réalisé pour la première fois un relevé des mangroves sur 36 zones à travers le monde. Elle révèle que plus de la moitié des mangroves de la planète risquent de s’effondrer. Près d’un cinquième d’entre elles seraient gravement menacées. En l’absence d’action de conservation, environ 7 065 km2 de mangroves seront perdus et 23 672 km2, soit environ 16%, seront submergés d‘eau, s’alarment les services de l’UICN. 

C’est sur cette perspective que Planète Urgence a lancé au Nord-Ouest de Madagascar, en région de Sofia, plusieurs initiatives de reforestation d’écosystèmes de mangroves. Ceci afin de permettre aux communautés locales de pouvoir s’engager dans la mise en place d‘aires protégées et de développer leurs revenus liés à la protection de la nature dans une zone où le niveau de pauvreté et d’isolement est extrêmement élevé.

Pêcheur local sur les rivages de la baie de la Loza, ©Christophe Michel / PU

En remontant la baie de la Loza, en direction du village d’Ambarijeby dans le district d’Analalava. Inaccessible par voie terrestre, il faut deux heures de bateau pour atteindre les premiers espaces protégés. Arrivée sur place, on peut déjà voir les pousses végétales ressortir de la vase. Pour atteindre ce premier village, parmi les huit sites actifs de l’association, il faut se frayer un chemin à travers les marécages.

C’est le terrain idéal où pousse le palétuvier : un arbre amphibie capable de prospérer le long des rivages marins, à proximité des embouchures. Il se forme en colonie et permet le déploiement de la Mangrove. « Trois espèces sont ici représentées, le Rhizophora Mucronata, le Ceriops Tagal et le Bruguiera Gymnorhiza », explique Elhack, responsable technique pour Planète Urgence en charge de l’accompagnement des communautés locales sur le reboisement et le développement des activités de subsistance traditionnels, comme l’apiculture ou l’élevage.

Le reboisement de ces parcelles permet d’enrichir les espaces de biodiversité halieutique (faune aquatique) et terrestre notamment pour le développement de la pêche réglementée et de l’apiculture. 

Afin de préserver ces écosystèmes, Planète Urgence déploie des moyens en lien avec le ministère de l’environnement afin de pouvoir poursuivre et arrêter la pêche illégale et le trafic de bois. Le problème que nous avons rencontré, ici au village, vis-à-vis des ressources que nous gérons, c’est l’augmentation des pêcheurs qui utilisent des engins de pêche non-réglementaires et l’existence des trafiquants de bois de palétuviers. Ces gens ont de la rancune envers la population du village et surtout envers nous, membres de bureau des communautés locales de base (VOI). Les gens ont peur » alerte Arnault, président de la VOI dans le village d’Ambarijeby.

Malgré cela, l’État et Planète Urgence apportent l’appui matériel nécessaire pour protéger les pêcheurs locaux respectueux de la loi.  

Des habitants du village d’Amtsatrama partent planter des propagules de palétuviers, ©Christophe Michel / PU

Si la surexploitation et la dégradation peuvent être des problèmes récurrents, la mise en place d’approches participatives, en lien aux populations locales, permet à Planète Urgence de mobiliser et de responsabiliser les communautés sur la nécessité de préserver leur environnement. Les expériences lancées à Madagascar montrent un investissement mis en œuvre par les locaux pour gérer les mangroves, partager leurs connaissances et prendre part au suivi. Ce rôle au niveau local est primordial. Les habitants des villages dépendent fortement de leur environnement et leur contribution potentielle pour la préservation et la gestion des écosystèmes est extrêmement importante.

Dans la commune rurale d’Analalava, sur l’année 2023, 7 pépiniéristes et 859 reboiseurs ont été formé et ont contribués à la plantation de 224 000 arbres dont 18 hectares de mangroves et 15 hectares en agroforesterie. 

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