26 avril 2022 • ACTUALITÉS

La forêt : de l’indicateur à une solution face au changement climatique

Alors que le réchauffement climatique s’accélère, les prises de consciences sont de plus en plus nombreuses et les acteurs, comme Planète Urgence, ont démarré une course contre la montre pour réduire les impacts du changement climatique.

 

Dans son dernier rapport publié en avril 2022, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a délivré un panel de solutions à mettre en place dès aujourd’hui pour réduire les conséquences désastreuses d’un changement climatique et assurer un « avenir vivable ». En effet, les experts climat de l’ONU estiment que le réchauffement climatique mettrait déjà en danger 3,3 à 3,6 milliards d’humains vivant dans des zones « très vulnérables ». 1 milliard de personnes seraient susceptibles d’ici 2050 de vivre dans des zones côtières menacées par la montée des eaux. Et toutes ces conséquences sur les écosystèmes et les populations seraient donc plus graves, plus nombreuses et plus rapides que prévu initialement.

Ces impacts sont déjà visibles dans le monde : les écosystèmes sont très fragilisés, la perte de la biodiversité est importante et la résilience de l’Homme est plus que jamais mise à l’épreuve.

Face à cette réalité, notre enjeu collectif est donc double. Il faut atténuer le changement en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre, préserver et augmenter les capacités de séquestration des puits de carbone mais également adapter les Hommes à modifier leur mode de vie et le rendre cohérent face à la réalité environnementale. C’est une nécessité immédiate et elle doit être collective : trouver des solutions pour respecter les accords de Paris n’a jamais été aussi primordial.

 

« Nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous avons les outils et le savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement climatique. » Hoesung Lee, président du GIEC

 

Les sujets Climat et Forêts sont intrinsèquement liés puisque la forêt contribue à la stabilisation du climat. Malgré tous ses bienfaits, la forêt reste fortement fragilisée par le changement climatique, notamment dû aux activités humaines. Face à cette urgence : comment pouvons-nous appréhender l’enjeu de préservation et restauration des forêts dans le contexte climatique ? Regardons ensemble comment la forêt stabilise le climat et représente paradoxalement une victime de celui-ci et finalement comment Planète Urgence contribue à cet équilibre grâce à la préservation des forêts.

 

La forêt, un stabilisateur du climat

Le climat résulte des interactions d’éléments composants tels que les forêts, les océans, les animaux, les végétaux, les sols, ou encore l’air et l’atmosphère. Tous ces éléments forment alors un équilibre fragile et sont donc dépendants de l’évolution de chacun des composants. La forêt joue un rôle essentiel dans cette régulation climatique, puisqu’elle possède de nombreux bienfaits :

 

  • Elle séquestre du carbone et produit de l’oxygène

La forêt est ce qu’on appelle un « puits de carbone » qui peut donc réduire l’effet de serre. De façon simplifiée, l’effet de serre est une couche composée de différents gaz – les fameux gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) ou encore le protoxyde d’azote (N2O) – qui retient la chaleur du soleil sur terre. L’effet de serre est un phénomène naturel et essentiel à la vie sur Terre puisque sans l’effet de serre, la planète serait 33°C plus froide ! Lors des émissions de gaz à effet de serre, une partie est absorbée par des puits et le reste restent dans l’atmosphère et génère un effet de serre additionnel.

Les forêts représentent le 2ème puits de carbone mondial après les océans. En effet, pour se nourrir et grandir, un arbre capte du dioxyde de carbone dans ses feuilles et son écorce, de la lumière via ses feuilles et de l’eau par ses racines. Il transforme ensuite ces 3 éléments lors du processus de photosynthèse, ce qui lui permet de produire de la sève et de l’oxygène qu’il relâche dans l’atmosphère. Les mangroves, des forêts entre terre et mer, contribuent 3 à 5 fois plus à cette capacité de stockage de CO2 atmosphérique que les forêts de type tempérées et ont alors un impact climatique proportionnellement très élevé.

 

« Aujourd’hui la forêt est un levier très connu des acteurs qui veulent avoir une contribution concrète sur le changement climatique. Il est cependant nécessaire d’être conscient que cet impact ne doit pas se chiffrer uniquement en tonnes de carbone séquestrées mais qu’il se joue aussi à de multiples niveaux aussi importants » Renaud Bettin – expert Climat chez Sweep

 

  • Elle régule le cycle de l’eau

Les forêts permettent de réguler le cycle hydrique de par leur tenue de l’eau dans les sols, le filtre par les racines et l’évapotranspiration par les feuilles. Elles absorbent donc de grands volumes de cette ressource essentielle, qu’elles redistribuent progressivement dans l’atmosphère et dans les sols, ce qui limite l’érosion et donc par conséquent les crues, glissements de terrain ou éboulements.

Connaissez-vous d’ailleurs les rivières volantes au-dessus de l’Amazonie ? Ce phénomène naturel et méconnu lié à la forêt amazonienne est indispensable pour le cycle de l’eau.

« Les rivières volantes sont de grands volumes d’eau sous forme de vapeur qui se déplacent sous l’effet des vents […]. Tout au long de sa trajectoire, la vapeur d’eau se recycle au-dessus de la forêt, en générant des pluies et en captant la transpiration des arbres. Puis en progressant vers le reste du continent et en quittant la forêt, elle provoque des précipitations, alimentant en eau des zones qui, sans ce phénomène, seraient bien plus sèches. » Propos de Gérard Moss pilote et éco-explorateur et professeur Antonio Nobre, chercheur à l’Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE), recueillis par GEO

 

  • Elle contribue à la régulation thermique planétaire

Les forêts réduisent les températures de leur environnement proche grâce notamment à l’évapotranspiration, directement liée à l’eau. En effet, plus la forêt possède d’arbres et de biomasse, plus elle retient l’eau, dont l’évapotranspiration rafraichit la température ambiante. Ce refroidissement naturel peut parfois même être de l’ordre de plusieurs degrés (« en moyenne 2,1° en été », L’Express, 2021) !

 

  • Elle constitue une barrière naturelle face aux événements climatiques

Les forêts représentent une barrière naturelle contre des catastrophes climatiques. La Mangrove située en zone côtière évite par exemple que les sols ne se dégradent trop, permettent de contrer la montée des eaux et peuvent ainsi réduire les dégâts des tsunamis. Une étude du journal scientifique Science à la suite du tsunami de la région d’Aceh de 2004, qui causa 220 000 morts, indique que 30 arbres côtiers par 100 mètres carrés peuvent réduire jusqu’à 90% du flot d’un tsunami. La même pouvoir de protection a d’ailleurs été documenté lors d’un séisme ayant entraîné un tsunami en 2018 sur l’île de Sulawesi :

 

« Les maisons des villages de Kabonga et de Labuan Bajo, dans la circonscription de Donggala, n’ont pas été détruites, car elles étaient protégées par une forêt de mangrove de 50 à 70 mètres d’épaisseur. Les villages voisins dépourvus de mangrove ont été dévastés par une vague de 5 mètres de haut, alors que dans ces deux villages sa force a été réduite à 1 mètre grâce à cette barrière verte.» Widjo Kongko, spécialiste des tsunamis

 

Nous l’avons compris, les forêts sont les gardiennes du climat. Elles sont indissociables des solutions à prioriser pour garantir une atténuation et adaptation face au changement climatique. Mais malheureusement, elles en sont aussi parmi les premières victimes.

 

La forêt, une victime du climat

Les forêts sont premièrement menacées par l’augmentation des températures. La destruction massive de ces écosystèmes participe en effet à cette hausse thermique pour deux raisons :

  • Le fait de couper un arbre l’empêche de séquestrer le carbone et pire encore, permette de relâcher en quelques minutes le carbone stocké en son sein pendant des décennies ! Et, comme nous le savons, les émissions de gaz à effet de serre, notamment le carbone, est la première cause du réchauffement climatique.
  • Le climat évolue très rapidement – trop rapidement pour que les arbres puissent s’adapter à des milieux changeants. Variations de températures, périodes de sécheresses de plus en plus longues et rudes… les forêts du monde voient des peuplements entiers dépérir, comme ceux de hêtre en Europe qui a mal traversé les récents épisodes de sécheresses estivales.

Le changement climatique est aussi à l’origine de catastrophes qui auront directement un impact sur la pérennité forêts : augmentation des feux de forêts toujours plus étendus et destructeurs, inondations fréquentes dans certaines régions du monde, perte de biodiversité et développement d’espèces envahissantes … La forêt doit déjà faire face à des changements exogènes massif.

 

« Nous avons 5% de chance de reste sous les 2°C. Malgré un démarrage laborieux, l’adaptation commence à rentrer dans le cœur des discussions et doit être associé à des objectifs de développement des populations locales » Renaud Bettin – expert Climat chez Sweep 

 

Dans certaines régions, le changement climatique accentue ainsi le phénomène de désertification. Planète Urgence lutte contre la désertification au Cameroun, l’un des fronts majeurs de déforestation classés par la FAO depuis 2018, à travers son projet FARE. Ce projet a pour but de préserver et restaurer l’environnement du Parc National de la Bénoué et sa périphérie, zone à fort risque de désertification, et d’augmenter la résilience des communautés riveraines. Le partenaire de mise en œuvre, CERAF-Nord, met en œuvre la restauration de corridors de migration de la faune en développant de l’agroforesterie s’appuyant notamment sur la reforestation d’anacardiers (arbres à noix de cajou). Grâce à cette filière économique, les producteurs peuvent ainsi s’accoutumer de nouvelles pratiques culturales durables, se structurer en coopératives et ainsi optimiser leurs canaux de stock et de vente.

Les producteurs verront à terme leurs conditions de vie améliorées grâce aux revenus générés par la production et la vente de noix de cajou mais aussi par les cultures annexes en agroforesterie (maïs, tomate, haricots…). Cela contribuera à diversifier et sécuriser leurs moyens d’existence, particulièrement durant les périodes de soudure (période de latence entre les dernières récoltes de l’an passé et les premières de l’année) où, dans cette région soudano-sahélienne à seulement deux saisons annuelles (sèche et humide), les récoltes des cultures traditionnelles locales viennent à manquer.

 

Planète Urgence un acteur du climat et des forêts

Planète Urgence souhaite apporter des réponses concrètes à l’enjeu du changement climatique et s’attache à lier des actions d’atténuation via la préservation et la restauration des forêts ; des actions d’adaptation en accompagnant les populations les plus vulnérables, de mobilisation et de sensibilisation.

  • Atténuer grâce à la préservation des forêts

Planète Urgence préserve et restaure les forêts tropicales depuis 2007 et joue donc un rôle d’atténuation du changement climatique à 2 niveaux : la reforestation et la conservation des forêts existantes. Avec plus de 11 millions d’arbres plantés en Haïti, au Mali, en Indonésie, à Madagascar et au Cameroun, Planète Urgence agit sur les puits de carbone mondiaux.

La préservation des forêts et la lutte contre la déforestation dans les projets permettent quant à elles de réduire les émissions de carbone. En effet, 93% du bois déforesté par l’homme est brûlé, ce qui revient à relâcher dans l’atmosphère l’ensemble du carbone qui avait été séquestré par les arbres pendant toute leur vie. Pour combattre la déforestation, Planète Urgence crée par exemple des alternatives de revenus qui évitent aux populations locales de dépendre de la coupe de bois pour survivre.

  • Aider les populations locales à s’adapter

La cible des +2°C de réchauffement étant malheureusement dépassée, Planète Urgence aide les territoires et les habitants à s’adapter à ces changements présents et à venir. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a clarifié les risques liés à l’augmentation des températures : sécheresses, inondations, submersions… Chaque intervention de Planète Urgence doit donc intégrer une analyse de ces risques et une réponse adaptée à ceux-ci. Une des actions de l’association est la plantation de mangrove en bordure des côtes les plus vulnérables dans le but de protéger les villages côtiers des submersions.

  • Sensibiliser et mobiliser les acteurs sur le changement climatique

Une autre action est également indispensable aux yeux de l’association : la sensibilisation et la mobilisation de l’ensemble des acteurs au changement climatique. En effet, nous sommes persuadés que le mouvement nécessaire en faveur de changement des pratiques ne sera possible qu’en expliquant les origines et les conséquences du changement climatique, et son lien à l’humain et à la biodiversité. L’association a donc mis en place des projets dans ses pays d’intervention mais aussi en France visant à sensibiliser petits et grands à ces enjeux. Elle a notamment initié en 2021 le projet Planète Éducation dans les écoles au Bénin pour former les professeurs sur les forêts, le climat et la biodiversité.

Planète Urgence souhaite donc avoir une approche intégrée et de plus en plus impactante sur les enjeux climatiques en travaillant sur la réduction des émissions, la séquestration via l’augmentation des puits de carbone mondiaux, et l’adaptation et la mobilisation des populations.

La préservation et restauration des forêts est essentielle pour lutter contre les changements climatiques. Ces écosystèmes regorgent en effet de multiples bénéfices liés au climat comme la régulation des températures et du cycle de l’eau, la lutte contre l’érosion, la séquestrer du carbone, et l’adaptation des conditions de vie des Hommes.

Les forêts répondent à ce double enjeu climatique : elles l’atténuent grâce à leur fonction de puits de carbone et donnent une chance aux femmes et aux hommes survivant grâce à elles de s’adapter face à cette nouvelle réalité.

Les COP et sommets sur le Climat insistent donc vivement auprès des Etats et des Entreprises pour qu’ils fassent plus en termes de préservation et restauration des forêts au service du Climat. C’est une nécessité mais c’est loin d’être suffisant.

Sweep et Planète Urgence sont donc parmi les acteurs qui favorisent la contribution climatique notamment à travers les forêts et engagent chacun, acteurs privés ou citoyens à s’engager concrètement sur ce sujet.

Article co-écrit avec Renaud Bettin, expert climat chez Sweep

Pour en savoir plus sur Sweep et comprendre comment engager votre entreprise dans la réduction de ces impacts climatique : https://www.sweep.net/

 

Sources & Webographie

 

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