Au Bénin, les forêts sacrées sont des sanctuaires vivants, où la nature et la spiritualité se rejoignent pour former des écosystèmes uniques, protégés par des croyances traditionnelles.
Associées à des divinités et imprégnées de rituels ancestraux, ces forêts jouent depuis des siècles un rôle fondamental dans la conservation de la biodiversité. Pourtant, elles sont aujourd’hui menacées par la pression démographique, l’agriculture intensive et la demande croissante en bois-énergie.
Le Bénin abrite près de 2 900 forêts sacrées couvrant 18 400 hectares (PNUD). L’importance de ces forêts a été reconnue par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui souligne leur rôle à la fois culturel et écologique. Ces forêts servent de refuges à des espèces rares, dont certaines sont inscrites sur la Liste rouge de l’UICN, telles que l’Acajou d’Afrique et le Colobe magistrat, un singe emblématique du Bénin.
En 2003, lors du Congrès mondial des parcs nationaux, les forêts sacrées du Bénin ont été désignées comme « Aires et territoires du patrimoine autochtone communautaire (APAC) » , et elles sont désormais un modèle de gestion des aires protégées.
Les forêts sacrées du Bénin sont régies par des règles strictes, souvent supervisées par des chefs traditionnels appelés « rois des forêts« . Ces autorités jouent un rôle central dans la préservation de ces espaces et veillent à ce que seules les personnes autorisées y accèdent, selon des critères culturels et spirituels.
Les forêts sacrées prennent des formes variées, chacune remplissant un rôle spécifique dans la vie des communautés locales (Agbo et Sokpon, 1998) :
En plus de leur valeur culturelle inestimable, ces forêts jouent un rôle fondamental pour les communautés locales, fournissant des ressources telles que des plantes médicinales, des fruits et des produits animaux essentiels à leur subsistance. Elles contribuent également à la régulation du climat, à la séquestration du carbone, et à la protection des sols contre l’érosion, participant ainsi à la résilience des populations face aux défis environnementaux.
Entre 2001 et 2022, le Bénin a perdu environ 44 000 hectares de forêt, soit 26 % de son couvert forestier (Global Forest Watch). Le CESAREN (Cercle pour la Sauvegarde des Ressources Naturelles) précise que 14% des forêts sacrées du Bénin ont disparu entre 2001 et 2012. Cette déforestation préoccupante résulte de plusieurs facteurs, notamment l’expansion des terres agricoles pour la culture du coton et de l’igname, la coupe de bois destinée au chauffage et à la production de charbon, ainsi que la pauvreté qui pousse les communautés à exploiter les ressources forestières pour répondre à leurs besoins essentiels.
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En effet, près de 85 % de la population béninoise dépend du bois-énergie pour la cuisson et le chauffage (Issifou et al., 2020). Les alternatives énergétiques, telles que les hydrocarbures ou l’électricité, restent largement inaccessibles pour les populations rurales, en raison de leur coût élevé.
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Le déclin des forêts sacrées au Bénin peut aussi s’expliquer par l’expansion des religions monothéistes qui a conduit à l’affaiblissement des croyances traditionnelles et des mécanismes culturels de protection. Ces sanctuaires naturels, autrefois préservés par des rituels et des interdits, ont vu leur statut sacré remis en question, entraînant une dégradation rapide, massive et réduisant leur superficie. La perte d’influence des chefs traditionnels a amplifié cette vulnérabilité, menaçant l’existence même de ces forêts.
Face à cette situation, les communautés locales doivent être intégrées aux efforts de conservation. Une approche participative, incluant des activités de sensibilisation continues, est essentielle pour assurer la durabilité des forêts sacrées.
Planète Urgence agit aux côtés de l’ONG locale BEV-ONG à travers le projet GAPADOU, lancé en 2023 dans les communes de Bassila et Djougou. Ensemble, nous travaillons avec les communautés pour restaurer et protéger ces écosystèmes précieux. En impliquant les communautés locales dans le processus décisionnel et en leur offrant un contrôle sur les usages et les bénéfices découlant de l’exploitation des forêts, cette approche vise à garantir une gestion responsable et pérenne de ces ressources vitales.
Les forêts sacrées du Bénin sont des joyaux de biodiversité et des témoins vivants des liens profonds entre les humains et la nature. Mais sans action immédiate, ces écosystèmes risquent de disparaître.
En soutenant Planète Urgence, vous contribuez à la préservation de ces forêts, à la restauration des écosystèmes et à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales.
Faites un don dès aujourd’hui et devenez acteur de la protection des forêts sacrées du Bénin
