18 mars 2025 • ACTUALITÉS

Les arbres, alliés incontournables du cycle de l’eau : un débat d’envergure à l’UNESCO !

Le 15 mars, Planète Urgence a eu l’honneur de participer à l’Université de la Terre, organisée à l’UNESCO, pour animer un débat essentiel : le rôle des arbres dans le cycle de l’eau et l’urgence d’agir pour préserver cet équilibre fragile.

Face à un public de 1 400 personnes, des experts de renommée internationale ont partagé leurs analyses et leurs solutions : Laurent Boillot, Président de la Maison Hennessy ; Anastassia Makarieva, chercheuse à l’Institut de Physique Nucléaire de Saint-Pétersbourg ; Antonio Nobre, chercheur émérite en écologie et géosciences à l’Institut National de Recherche Spatiale de São Paulo ; et Peter Wohlleben, ingénieur forestier et auteur du best-seller La vie secrète des arbres.

Au cœur des échanges, une conviction partagée : l’eau et les forêts sont les véritables gardiens de la vie sur Terre.

Face aux défis posés par la déforestation et le changement climatique, ce débat a rappelé combien la préservation des forêts est un levier majeur pour garantir la régulation de l’eau à l’échelle planétaire. Une prise de conscience essentielle pour mieux comprendre l’impact de nos activités et agir sans attendre 

Eaux et forêts : Gardiens de notre (Sur)Vie  

Souvenez-vous du cycle de l’eau que nous avons tous appris à l’école : des nuages, des montagnes, des rivières, des océans… et des forêts. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est que les arbres sont essentiels à ce cycle. Ils ne se contentent pas de décorer nos paysages : ils permettent à l’eau de s’infiltrer dans les sols, régulent les précipitations par l’évapotranspiration et retiennent du carbone. Sans eux, c’est tout l’équilibre qui s’effondre. Moins d’arbres = moins d’eau dans les sols = moins de vie. Chaque arbre coupé nous rapproche d’un futur où l’eau, la biodiversité et les écosystèmes que nous connaissons disparaissent”. 

Comprendre à travers un regard scientifique la nature des relations “eaux et forêts”

Le “cooling effect” des forêts (effet de refroidissement) 

Les forêts sont des super-organismes où chaque élément joue un rôle essentiel. Elles abritent une incroyable biodiversité : champignons, insectes et bien d’autres espèces encore méconnues interagissent pour créer un écosystème unique. En régulant l’humidité grâce à l’évapotranspiration, les arbres participent activement au refroidissement du climat local. En moyenne, la température à l’intérieur d’une forêt peut être de plusieurs degrés inférieurs à celle de son environnement extérieur, en raison de l’ombre et de l’humidité qu’elle conserve.  

Cependant, la vitalité d’une forêt repose également sur la qualité et la quantité d’eau disponible. Un manque d’eau affaiblit les arbres et perturbe leur capacité à s’adapter aux changements climatiques. Ainsi, les forêts ne subissent pas seulement leur environnement, elles le modifient et le régulent activement. 

Qu’est-ce que l’évapotranspiration ? 

L’évapotranspiration des arbres est le processus par lequel ils absorbent l’eau du sol par leurs racines, puis la rejettent sous forme de vapeur d’eau par leurs feuilles. Cela permet de rafraîchir l’air, d’humidifier l’atmosphère et de réguler leur température.  

Source : Office National des Forêts 

La “pompe biotique” des forêts 

La “pompe biotique”, concept théorisé par Anastasia Makarieva, montre que les forêts jouent un rôle bien plus actif dans le cycle de l’eau que ce que l’on pensait auparavant. Elles ne se contentent pas d’être des réservoirs d’eau, elles agissent comme un véritable moteur qui façonne l’atmosphère. 

Voici comment ça fonctionne : 

1 – Les arbres et l’humidité : Les arbres des forêts, en particulier dans les régions tropicales, absorbent et relâchent de grandes quantités d’eau. Cette eau, qui vient des sols ou de la transpiration des plantes, se transforme en vapeur d’eau et monte dans l’air. 

2 – Condensation et réduction de la pression : En montant, cette vapeur d’eau se refroidit et se condense en nuages. Ce processus de condensation crée un vide local, une sorte de dépression, qui abaisse la pression atmosphérique dans la zone forestière.

3- Attraction d’air humide : À cause de cette baisse de pression, de l’air plus humide, souvent provenant de l’océan, est attiré vers l’intérieur des terres. Ce mouvement d’air transporte l’humidité qui se condense et crée des précipitations. 

4 – Les rivières volantes : Ce phénomène est à l’origine des “rivières volantes” ! 

Le concept des “rivières volantes” d’Antonio Nobre 

L’un des phénomènes les plus fascinants – et peut-être les moins connus – est celui des “rivières volantes”.  

Ces “rivières aériennes” se forment grâce à l’humidité libérée par les arbres de la forêt, principalement en Amazonie, et parcourent de vastes régions du continent sud-américain. Chaque jour, le fleuve Amazone déverse environ 17 milliards de tonnes d’eau dans l’océan Atlantique, mais les rivières volantes transportent une quantité d’eau encore plus impressionnante : 20 milliards de tonnes d’eau s’élèvent chaque jour dans l’atmosphère à partir de la forêt tropicale, véritable “océan vert” de la planète. 

Ce qui rend ce phénomène encore plus remarquable, c’est l’ampleur à laquelle il se produit.

Un seul arbre peut aspirer de l’eau jusqu’à 60 mètres de profondeur et produire jusqu’à 1 000 litres d’eau par jour. Avec la présence de 400 à 600 milliards d’arbres dans la forêt, la quantité d’eau déplacée est phénoménale, et c’est ainsi que l’Amazonie génère une grande partie de l’eau qu’elle reçoit sous forme de pluie. Ce processus de recyclage de l’eau se fait par l’évapotranspiration, où l’eau qui provient même de l’océan est rapidement absorbée et redistribuée par la forêt. 

Les “rivières volantes” ont un impact sur les conditions météorologiques dans le monde entier car elles jouent un rôle clé dans la régulation des cycles de l’eau et des précipitations ; et sont elles-mêmes vulnérables aux effets de la déforestation et du réchauffement climatique.  

Faire grandir les solutions existantes pour réduire les déséquilibres

Si la science met en lumière l’urgence d’agir, des solutions concrètes existent pour inverser la tendance et préserver le fragile équilibre entre forêts et cycle de l’eau. La première étape est la sensibilisation : mieux comprendre ces mécanismes permet d’agir efficacement, en tant que citoyens et décideurs. Mais au-delà de la prise de conscience, il est essentiel de repenser nos modèles économiques et agricoles. 

Réduire la consommation de viande permettrait de limiter la pression exercée sur les forêts, sachant que plus de 80 % des terres agricoles sont dédiées à l’élevage. Il est également urgent de réorienter les subventions publiques : au lieu de financer massivement l’agriculture intensive et l’élevage industriel, ces aides pourraient soutenir des pratiques plus durables, comme l’agroécologie et la protection des forêts indigènes. Enfin, la démocratie joue un rôle clé : garantir aux populations locales les moyens de défendre leurs terres et leurs écosystèmes est une condition essentielle pour préserver ces gardiens de notre survie. 

L’action est entre nos mains. Adapter nos modes de consommation, soutenir des politiques ambitieuses et protéger les forêts existantes sont autant de leviers pour restaurer l’équilibre du cycle de l’eau et préserver les écosystèmes essentiels à la vie. 

Le replay de cette session sera bientôt disponible ! 

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