24 mai 2022 • ACTUALITÉS
La flore, trésor des forêts
La forêt renferme des trésors pour les botanistes les plus chevronnés !
Elle regroupe en effet différentes espèces d’arbres et de plantes aux nombreuses vertus, que l’on appelle la “flore”. Par définition, la flore est l’ensemble des espèces végétales présentes dans un espace géographique ou un écosystème déterminé. Les arbres, la mousse, les plantes, les fleurs… Tous ces éléments végétaux qui forment une forêt sont à l’origine de l’expression de la flore dans cet écosystème particulier.
Ainsi, flore et forêt sont indissociables : vouloir préserver la forêt c’est vouloir préserver sa flore et vice versa.
Ensemble, découvrons plus en détail le lien entre les écosystèmes forestiers et la préservation de sa flore avec le Conservation botanique national de Brest, établissement public, scientifique et technique protégeant la diversité végétale sauvage de l’ouest de la France et de hauts lieux de biodiversité dans le monde, et l’association Planète Urgence, qui travaille depuis 2007 sur la préservation et la restauration des écosystèmes forestiers au Cameroun, à Madagascar, en Indonésie mais aussi au Pérou depuis 2022.
La forêt, lieu de vie de prédilection de la flore
Les forêts tropicales humides renferment à elles seules 70% des espèces végétales connues. Un seul hectare y englobe entre 80 à 200 espèces différentes qui sont interdépendantes. Un premier exemple méconnu et pourtant extraordinaire est celui du réseau de champignons présent dans le sol qui est en dialogue permanent avec leurs hôtes de choix, les arbres. La symbiose qui s’opère entre eux permet des échanges nutritifs, du sucre pour les champignons ; de l’azote, des éléments végétaux et de l’eau pour les végétaux. Il a aussi été démontré que certaines agressions du sol : absence d’eau, pollutions, s’atténuent quand le réseau mycorhizien est intense et vivace. En forêt, les champignons sont en réseau avec des dizaines d’arbres et les arbres accueillent des dizaines de champignons. Cet incroyable réseau permet au milieu de se développer et de se protéger mutuellement. Au-delà du sol, cette entraide se retrouve aussi au niveau de la canopée. Une étude de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt (WSL) a démontré que les arbres, avec leur feuillage et branchage, forment au-dessus de la forêt une couche qui isole de la chaleur. Dans les forêts tropicales, les températures varient entre 20°C et 25°C tout au long de l’année. Florian Zellweger du WSL explique : “ En été, les températures maximales sont beaucoup plus faibles en forêt qu’à l’air libre, avec en moyenne 4 degrés de moins. L’hiver et la nuit, ce modèle s’inverse et les températures en forêt sont plus élevées de 1 degré en moyenne.” Par conséquent, la faune et la flore forestières sont beaucoup moins exposées aux températures élevées que les espèces vivant en dehors de la forêt. La forêt tropicale peut être sèche ou humide, en fonction du type de climat et du type de sol. On estime que l’ensemble des forêts tropicales de la planète recèle au moins 92,2 % des espèces vivantes, animales et végétales. Les forêts tropicales couvrent aujourd’hui 1 770 millions d’hectares, dont environ 840 millions en Amérique du Sud (dont la forêt amazonienne), 600 millions en Afrique (dont la forêt du bassin du Congo) et 300 millions en Asie.La flore forestière une ressource précieuse
La forêt représente l’un des puits de carbone les plus puissants de notre planète. Si elle a ce rôle climatique indispensable c’est grâce à sa flore. En effet, ce sont les plantes et les arbres qui, par le processus de photosynthèse, absorbent le dioxyde de carbone tout au long de leur existence, en fabriquant en échange de l’oxygène. En forêt, la flore joue également un rôle essentiel dans la préservation de la faune : elle représente son habitat et sa source de nourriture. Si elle est en bonne santé, elle permet donc de sauvegarder la biodiversité. Pour les humains, la flore sauvage constitue également une ressource précieuse. Les plantes peuvent être utilisées pour des usages alimentaires, ou produire des molécules utilisées dans divers domaines : aromathérapie, cosmétiques, santé… Ainsi, 65% des produits pharmaceutiques sont créés grâce à des substances extraites de plantes sauvages. Nous pouvons donner l’exemple de la pervenche de Madagascar, qui produit une molécule aux propriétés anti-cancéreuses utilisée dans de multiples médicaments. La forêt mondiale constitue le second puit de carbone après les océans. Elle contribue à la diminution des effets de serre et joue un rôle de régulateur sur le climat en général en stockant du carbone. La forêt contribue aussi à l’épuration de l’air en extrayant 30 à 60 tonnes/ha de poussières par an. La forêt assure également un rôle très important dans l’économie de l’eau via l’approvisionnement facilité des nappes phréatiques, les apports provenant des pluies et des brouillards, qui sont supérieurs en forêt qu’en terrain ouvert. Les bassins versants et les zones humides boisés fournissent 75 % de l’eau douce consommée par l’humanité. Elle contribue à la création des sols et permet de retenir les terres luttant activement contre l’érosion. L’importance des forêts est vitale pour les activités humaines: 1,3 milliard d’individus (20 % de la population mondiale) dépendent des forêts pour leur travail, leurs moyens de subsistance et leurs revenus. Leur fonction sociale est aussi essentielle en contribuant au bien-être tant physique que psychique des populations.La flore : un élément clé à protéger
Sur les 391 000 espèces végétales estimées dans le monde, 40 % sont actuellement menacées, dont 400 espèces en France. Le siècle dernier, 270 espèces environ ont disparues de la planète, c’est le cas par exemple du Oeceoclades seychellarum, une plante ayant vécu sur l’île Victoria au Seychelles. La flore constitue un patrimoine écologique, important. Elle participe à l’équilibre écologique entre les écosystèmes, il est donc de notre devoir de la préserver. Planète Urgence agit depuis 2007 sur la préservation des forêts et de leur biodiversité. Avec 6 projets de reforestations dans 3 pays différents, l’association œuvre en direct avec les partenaires locaux pour concevoir des projets de protection de l’environnement. Son objectif est de lutter contre la déforestation et plus largement contre la destruction des écosystèmes. Dans la région d’Itasy, à Madagascar, les tapias sont massivement coupés pour le bois de chauffe et la production de charbon de bois. Les tapias sont des arbres endémiques, caractérisés par une épaisse écorce et que l’on retrouve uniquement sur l’île de Madagascar. Ils servent d’habitat au landibe, un ver à soie sauvage qui se nourrit essentiellement des feuilles de ces arbres. Le projet TAPIA consiste en premier lieu à restaurer, protéger et réduire durablement la pression humaine sur la forêt de tapia en augmentant le couvert forestier naturel par son reboisement. Depuis le début du projet en 2013, environ 180 0000 arbres de tapia ont été replantés. En parallèle de la restauration et de la reforestation, l’association travaille sur la stimulation de revenus complémentaires aux communautés locales comme la production de miel, le maraîchage et le développement des vers à soie. Selon la FAO, la moitié des forêts de la planète a été détruite au cours du XXe siècle et 13 millions d’hectares de forêts disparaissent annuellement sur Terre depuis le début du XXIème, les terrains étant convertis à d’autres utilisations, surtout agricoles. C’est l’équivalent de la surface de l’Angleterre, soit 40 terrains de football par minute. Ce constat est très préoccupant pour l’avenir de l’écosystème mondial et pour la biodiversité de la planète. Pour enrayer ce phénomène, nombre d’initiatives d’échelles très variables se développe pour tenter de restaurer les forêts. Depuis une douzaine d’années, le Conservatoire botanique national de Brest s’est engagé dans ce mouvement de fond, en Europe, en Haïti, en Guyane, au Vietnam, dans l’archipel des Mascareignes, en Ouganda, en s’associant à des acteurs locaux (ministères, universités, ONG, communautés villageoises) pour préserver écosystèmes et patrimoine vivant au plus près des enjeux. A Madagascar, il participe à la connaissance et à la préservation de la flore de la Montagne des Français, une forêt sèche caducifoliée particulièrement menacée par le surpâturage des zébus et le charbonnage illégal au nord de la Grande Île. Il collabore avec le gestionnaire de cette aire protégée, pour faire émerger des compétences locales et développer des pépinières dédiées à la reforestation. Des centaines de milieux d’arbres indigènes ont ainsi été replantés dans les secteurs dégradés. Mais il faut aussi s’attaquer aux racines du problème largement du à la pauvreté et permettre de développer de nouvelles activités génératrices de revenus basées sur la valorisation durable des ressources forestières. Pour cela, des techniciens, des pépiniéristes ont été formés parmi la population locale et les communautés villageoises, les scolaires ont été sensibilisés et participent aujourd’hui activement aux nouvelles activités écotouristiques créées dans l’aire protégée pour permettre aux visiteurs de découvrir ces inestimables richesses naturelles dont l’emblématique Baobab de Suarez, un arbre endémique particulièrement menacé. La flore forestière est un écosystème complexe et méconnu qui est une forme de quintessence du vivant. Au-delà des espèces, le réseau qui lie chaque espèce permet à la forêt de grandir et d’être plus résiliente. La coopération qui s’opère au niveau végétal est un exemple inspirant de vie en collectif d’une société et un exemple à suivre pour la conservation du vivant !Donner en faveur des actions de Planète Urgence