23 novembre 2023 • ACTUALITÉS
La COP28 sera-t-elle à la hauteur de l’enjeu ?
Chaque année, depuis près de trente ans, les pays du monde entier se réunissent lors d’un sommet, sous l’égide de l’ONU, pour accélérer la lutte contre le changement climatique.
Ces « Conferences Of Parties », appelées COP rassemblent environ 30 000 participants, entre les délégations des 197 États, les médias et la société civile (entreprises, ONGs, scientifiques, populations autochtones, syndicats…).
La 28ème COP qui aura lieu du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï est particulière à plusieurs niveaux.
Une COP à Dubaï, temple de l’or noir
Particulière d’abord par son emplacement géographique. Dubaï est la première ville des Émirats arabes unis qui est l’un des premiers pays producteurs et exportateurs de pétrole au monde et dont l’économie est extrêmement dépendant de l’or noir.
Rappelons que la combustion des énergies fossiles est responsable de 75% des émissions de gaz à effet de serre et devrait donc être une préoccupation majeure des COP.
Malgré ses engagements à être neutre en 2050, le pays est aussi un très mauvais élève sur le plan climatique : il fait aujourd’hui partie des cinq plus gros émetteurs de CO2 par habitant (20,4 tonnes par an et par personne). On est donc loin, très loin de l’objectif de deux tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par personne nécessaires pour atteindre la neutralité carbone.
D’après certains négociateurs, l’emplacement géographique de cette COP pourrait être une opportunité d’engager plus fortement les pays du Golfe dans la transition en cours. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les conférences ont lieu chaque année dans des villes différentes, selon un système de rotation des continents.
Cependant, de très nombreux acteurs se sont érigés contre la nomination à la présidence de la COP du Sultan Al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi.
Malgré sa promesse d’apporter une « approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions » et son expérience réussie dans le lancement de grands projets d’énergies renouvelables, le Sultan Al Jaber pense que le changement climatique est avant tout « une immense opportunité économique d’investissement dans la croissance durable ».
En 2022, la COP27 en Egypte avait accueilli plus de 600 lobbyistes du secteur pétrolier et gazier – une hausse de plus de 25 % par rapport à la conférence précédente à Glasgow. Le contingent le plus nombreux venait des Émirats arabes unis.
L’heure du bilan
Cette conférence tirera un premier bilan mondial de l’action menée par l’ensemble des États pour se conformer à l’Accord de Paris. Conclu lors de la COP21, en 2015, il fixe comme objectif de limiter la hausse de la température à 1,5°C d’ici la fin du siècle.
Les séances de négociation qui auront lieu seront particulièrement essentielles pour :
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- Rendre compte des progrès ou non réalisés par les États suite à l’Accord de Paris ;
- (Ré)aligner les efforts au service de l’action climatique ;
- Ce bilan pourrait être aussi l’occasion d’une transformer en outil politique d’action avec des plans d’action clairs. L’enjeu de réalignement des objectifs et des politiques associées est crucial car nous dirigeons actuellement vers un réchauffement terrestre avoisinant les +3,2°C d’ici 2100.
Des questions épineuses
Enfin, la COP 28 est attendu sur 2 enjeux clés par les experts du climat et les acteurs du monde associatif :
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- Prendre des positions fortes sur les énergies fossiles au-delà du vocabulaire et des fausses solutions, comme le charbon vert ou la capture carbone qui reste incertaine et extrêmement chère.
D’après le Réseau Action Climat « La question n’est à ce stade plus de savoir s’il faut oui ou non sortir des énergies fossiles, mais quand et comment. »
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- L’opérationnalisation du fonds « pertes et dommages ». Lors de la COP28, c’est la confiance entre les pays les plus responsables (émetteurs historiques et actuels de GES) et les pays les plus impactés qu’il va falloir restaurer. Un engagement de 100 milliards de dollars a été pris et sera très fortement suivi par les États les plus vulnérables – à la fois sur le montant, mais aussi sur les types de financements (un financement en prêts aura un impact fort sur l’endettement des pays aux économies déjà fragiles).
De par la taille des enjeux et les avis divergents déjà connus, cette COP ne résoudra pas l’ensemble des questions sur le climat mais sera plus probablement une pierre supplémentaire sur le chemin de l’humanité, pour lui donner –espérons-le – les moyens de faire face à l’un des plus gros défis qu’elle ait eu devant elle.