17 mai 2022 • ACTUALITÉS
La symbiose, ou l’art de l’association entre le monde animal et celui des forêts
Quel souvenir gardez-vous de votre dernière balade en forêt ? Le chant entraînant des oiseaux ? Un drôle d’insecte brillant qui vous a interpellé ? Un chevreuil que vous avez vu détaler au loin sans un bruit ? La forêt regorge d’une faune très variée, puisqu’elle héberge au niveau mondial près de 80% des espèces vivantes terrestres. La faune se définit comme l’ensemble des espèces animales vivant dans un espace géographique ou un habitat déterminé.
Découvrons ensemble plus en détail ce lien crucial entre les écosystèmes forestiers et la faune avec l’association Planète Urgence, qui travaille depuis 2008 sur la préservation et restauration des écosystèmes forestiers dans le monde entier.
La forêt, un lieu de vie sans pareil pour la faune
En France, les forêts regroupent plus de 70 espèces de mammifères et 120 espèces d’oiseaux, ainsi que plusieurs dizaines de milliers d’espèces d’insectes et de champignons. Et cette diversité animale présente dans les forêts françaises se retrouve de façon démultipliée au niveau des forêts du monde entier.
La forêt constitue effectivement un habitat naturel de premier choix pour le monde animal puisqu’elle fournit de l’eau et de la nourriture en abondance et les aide à se protéger des prédateurs en leur permettant de se cacher dans des branchages, des fourrées, ou dans le tronc des arbres.
Malheureusement, les habitats forestiers diminuent drastiquement année après année. Les forêts mondiales ont perdu 11,1 millions d’hectares de couvert arboré en 2021, selon de nouvelles données de l’Université du Maryland et disponibles sur Global Forest Watch. Cela explique en grande partie la disparition de 27 000 espèces animales et végétales chaque année. Ainsi, les populations d’animaux forestiers dans le monde ont diminué de 53% depuis 1970, selon une analyse récente du Fonds mondial pour la nature (WWF). Sur l’île de Java par exemple, le rhinocéros de Java est en très grande fragilité. Son écosystème ayant subi une destruction massive, il ne reste aujourd’hui plus que 74 individus. La situation est donc alarmante, si on ne veut pas que cette espèce disparaisse comme le Tigre de Java, qui s’est éteint en 2008 selon l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN), faute d’un habitat suffisant.
Au-delà de la déforestation, la chasse non régulée est une menace directe pour la faune : près de 20% des espèces menacées inscrites sur la liste rouge mondiale des espèces menacées de l’UICN sont directement mises en difficulté par la chasse. Ainsi, on parle aujourd’hui de la sixième extinction de masse : la perte de la biodiversité due aux activités humaines. La Terre a connu précédemment cinq extinctions de masse, dont la dernière fut l’extinction des dinosaures.
Faune et Forêts, une symbiose quotidienne
La faune est un réservoir de vie qui est nécessaire au bon fonctionnement des forêts, la reproduction des arbres en est un exemple fascinant.
En effet, une étude de la revue Science a récemment prouvé que la moitié des plantes dépendait des animaux pour se reproduire. Rappelez-vous de l’écureuil qui, en préparation de l’hiver, va enterrer de nombreuses provisions, qui vont être oubliées le printemps venu, et ensuite pousser pour se transformer en arbres ou en plantes. Certains animaux activent également le développement de graines en les ingérant ou en les cassant.
Ainsi l’extinction d’espèces pouvant disperser des graines est néfaste pour les plantes, qui ne peuvent plus migrer lorsque leur espace de vie devient inhospitalier.
Le rôle des animaux concernant la survie des forêts ne s’arrête pas à leur aide à la reproduction de ces dernières. De nombreux animaux sauvages aident à la gestion naturelle des forêts soit par la production des conditions de développement des arbres soit par un soutien à leur protection contre des attaques externes. Dans le sol, de nombreux insectes participent à cette gestion des forêts, en se nourrissant de feuilles mortes et de restes d’êtres vivants. Ils servent alors de décomposeurs, indispensables à la formation de la matière organique dont dépendent toutes les espèces animales et végétales. D’autres animaux comme les fourmis, elles, sont des alliées de taille pour aider les arbres à faire barrière à certains parasites. Certaines fourmis vivent effectivement aux creux des arbres tropicaux et se nourrissent de leur nectar. En échange de l’abri et de la nourriture, les fourmis éloignent les éventuels prédateurs des arbres en question, et tuent les vignes grimpantes qui risqueraient de l’étouffer.
Ce lien de coopération entre plusieurs espèces animales et végétales s’appelle la symbiose, et c’est une véritable inspiration d’entraide pour nos sociétés humaines !
Des solutions existent pour protéger la faune et leurs habitats forestiers
Depuis 2005, Planète Urgence propose une réponse complète aux enjeux de préservation de la faune et des forêts. Planète Urgence porte ainsi 7 projets de reforestation ou de restauration d’écosystèmes forestiers existant sur des bassins extrêmement riches en biodiversité.
Sur l’île de Java, le projet MERCI a pour objectif la restauration des écosystèmes forestiers côtiers locaux et à la conservation de leur faune (avec un accent particulier sur le rhinocéros de Java mentionné ci-dessus) dans le parc national d’Ujung Kulon et sa périphérie.
Le projet porte sur trois axes principaux : la sensibilisation à la conservation des mangroves et du rhinocéros de Java, la restauration des écosystèmes côtiers et de mangroves et le développement de moyens de subsistance communautaires durables.
La phase pilote du projet a permis de planter localement 250 000 arbres de mangrove en 2021. Le projet a également mené de nombreuses activités de sensibilisation, notamment en milieu scolaire où des écoles secondaires ont célébré les journées mondiales de la mangrove et du rhinocéros de Java.
Ce projet a été retenu en exemple des Solutions fondées sur la Nature rédigée par l’UICN en ce mois de septembre 2021.
La forêt est un habitat privilégié pour les espèces animales terrestres et bénéficie en retour de soutien nécessaire à sa survie et à sa reproduction. Alors, avant toute intervention humaine sur une forêt, il est vital de comprendre la réalité des symbioses pour ne pas créer de déséquilibre et permettre à la biodiversité de s’exprimer et se développer.
Lors de votre prochaine balade en forêt, peut-être vous souviendriez-vous que les chants des oiseaux qui vous entendez ou que les insectes qui vous intriguent font partie d’un tout où chacun à sa place, dans une symbiose entre le monde animal et celui des forêts.
Sources et webographie :
Rencontre Woodrise, les forêts de la terre se vident, 2019
Conservation nature, La forêt : un écosystème abritant une grande richesse écologique